lundi 10 juin 2013

L’autonomisation de la femme : entre mythe et utopie


La Journée Internationale de la Femme sera célébrée ce 8 mars sous le signe de l’autonomisation économique de la femme. Ce thème s’inscrit dans le prolongement des luttes féministes qui visent à donner à la femme une grande marge de manœuvre pour qu’elle dispose de sa vie comme elle l’entend.
Mais pour comprendre les relents féministes de ce combat pour l’autonomisation, il faut commencer par saisir la signification du mot autonomie et sa substantivation : autonomisation. Autonomie signifie indépendance, mais surtout liberté de se gouverner soi-même. En prenant les deux sens dans lesquels s’insère la dynamique du combat féministe, on s’aperçoit que la femme contemporaine nourrit une grande soif de liberté. Elle veut se conduire seule sans le gouvernail de l’homme. La femme comme l’homme sait que l’argent est le nerf de la guerre. En tant que telle, la femme a réalisé que c’est par l’argent et d’autres envies qui lui sont subordonnées qu’elle a été vaincue, qu’elle a perdu son autonomie. Il lui faut donc retrouver cette autonomie comme ce paradis perdu qu’on cherche à tout prix à regagner.

La liberté par les finances ?

L’observation de notre quotidien montre bien combien l’argent fait perdre la liberté à qui ne le possède. Les femmes l’ont compris. Hier, elles se sont battues et se battent encore pour que la société respecte leur liberté d’identification sexuelle. Cette liberté de s’identifier dans le sexe de son choix est portée par le concept de genre. Ce combat pour qu’une déviance obtienne le statut de valeur ne peut qu’inquiéter en prenant en compte l’avenir de l’humanité. Qu’un personnage mondialement respecté comme Hillary Clinton fasse l’apologie de l’homosexualité à la tribune des Nations Unies est une indication de la déchéance morale dans laquelle notre temps est plongé. Bien plus, de la libéralisation de l’homosexualité, certaines puissances financières en sont même parvenues à en faire une conditionnalité pour obtenir la précieuse manne financière qui fait vivre des régimes autocratiques africains. Ceux-ci se trouvent écartelés entre céder aux sirènes de la finance ou vivre pauvre mais respectueux de l’autre, respectueux des valeurs.
Malheureusement, à céder au charme de l’argent, on se retrouve pris à répondre à l’interrogation la plus embarrassante pour l’homme de notre temps formulée par le Seigneur Jésus-Christ : « Que sert-il à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? » L’âme est le siège des valeurs positives. Et la décadence est toujours au rendez-vous chaque fois qu’une société déterminée s’emploie à ne plus respecter la morale. L’Occident se trouve aujourd’hui dans ce cas. Il a gagné l’univers, il domine et entend installer une domination durable mais oublie au passage ce constat établi par Paul Valéry : « Nous civilisations, nous sommes mortelles ! » Sa mort lente est en train de venir par le relâchement observé de la morale. Singulièrement de la morale sexuelle. Cet acte si sacré a été banalisé en Occident qu’il prend aujourd’hui des formes aussi diverses que l’homosexualité ou la pédophilie. Et les difficultés économiques dans lesquelles l’Occident est aux prises tiennent à une relativisation extrême de la morale. L’égoïsme a pris le dessus en tout et le profit vient avant l’homme. L’économie a cessé d’être la science morale qu’elle était !

Aujourd’hui, plutôt que de tirer les conséquences d’une situation qui se dégrade, voilà que les femmes entrent dans la danse en voulant se libérer de l’emprise masculine. Elles veulent s’autonomiser. L’autonomisation dont rêve la femme reste la vaste utopie qu’une personne n’ait jamais caressée. Je me risquerai même à la comparer avec l’utopie du grand soir dont a parlé Karl Marx. Le discours sur l’autonomisation de la femme comporte une bonne part du mythe qui les fait agir et même s’agiter.
Pour réaliser ce rêve utopique, il faut remonter à la création. Dieu ne crée pas l’homme pour qu’il domine sur la femme mais pour que leur existence soit complémentaire : voilà pourquoi la cote à partir de laquelle il crée la femme est tirée du milieu du corps de l’homme. L’emplacement des cotes est le symbole de la complémentarité et non de l’égalité, car la morphologie de l’homme est différente de cette de la femme. Cela veut dire que l’ordre social est tellement complexe qu’il ne saurait être bouleversé par une révolution dont l’autonomisation de la femme veut incarner le symbole. Au-delà, si l’on a l’impression que la femme rurale n’est pas financièrement ou économiquement autonome, la résolution de cet état de choses ne saurait être que le fait de la société elle-même. L’environnement socioéconomique du pays devrait subir de profondes mutations qualitatives lesquelles rejailliront de manière presque automatique sur cette autonomie financière tant rêvée. Bien plus, pourquoi parler d’autonomisation de la femme rurale dès lors que la situation est identique en ville ?

On constate que l’exigence d’autonomisation financière de la femme rurale n’est qu’un détour pour exiger celle de la citadine. Nous ne nous voilerons cependant pas le visage pour admettre qu’en dépit de la modernité, les pesanteurs de la tradition maintiennent encore sous leur joug la femme, où qu’elle se trouve, en ville ou à la campagne. Les illustrations ne manquent pas pour attester de cet emprisonnement culturel.
Les différences qui assurent l’harmonie du vivre ensemble

Un seul doigt ne lave pas le visage, dit un proverbe africain. Le combat pour l’autonomisation de la femme est d’avance perdu si par autonomisation, les femmes entendent une totale exclusion de l’homme de leur vie. Il est tout à fait vrai que pour vivre ensemble, nous avons besoin d’une culture commune tandis que pour exister dans l’autonomie, nous avons besoin de marquer notre différence. Cette situation paradoxale invite les femmes à ranger la problématique de l’autonomisation, fut-elle financière dans les oubliettes car la vie de famille, fut-elle homoparentale exigera toujours une mise en commun quelque part. Bref, l’homme en tant qu’animal social, aura toujours à mener une existence entre ces deux extrêmes : l’autonomie et la socialisation.
Vouloir s’autonomiser et modifier l’ordre social, c’est vouloir corriger le Créateur. Dieu ne s’est pas trompé en créant l’homme et la femme. Il les a voulus différents pour que leur action contribue à la manifestation de sa gloire. Ce n’est ni plus ni moins qu’introduire un désordre quand on pense à modifier l’ordre social, surtout quand il touche à l’existence de deux genres. Cette vaste agitation idéologique cache bien d’autres motivations. Pourquoi privilégier l’autonomisation financière ou économique des femmes dès lors que la société congolaise, dans son ensemble, vit dans une précarité économico-financière qui n’assure d’autonomie à personne ?

Nous devrions nous méfier de tous ces thèmes autour desquels on nous demande de réfléchir lors des journées internationales de x ou de y car nos résolutions servent aux autres qui les retournent contre nous afin de nous maintenir dans l’état de sujétion dans lequel nous baignons depuis plusieurs décennies. Les réflexions par commande examinent le problème souvent dans la perspective de l’autre et c’est celui qui commande qui tire tous les bénéfices. 

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